Kano et Jos.
Ce n'est qu'en approchant de Kano que nous avons trouvé une route sur les quelques derniers kilomètres. Notre arrivée à Kano a été très belle car il y avait longtemps que nous avions été séparés de nos camarades. Notre capitaine nous a reçu avec joie et, nous étions enfin chez nous. La caserne de la compagnie, une école qui n'était pas encore en service, était le plus beau camp que nous avions eu depuis Brazzaville et le drapeau français était là. Nous avons retrouvé avec joie l'ambiance spéciale de la compagnie et l'idéal très fort qui nous avait soudé ensemble dès les premiers jours.
Notre séjour à Kano a été très agréable et très productif question entraînement. Sans que nous ayons d'inspection et de revue d'équipement tout était tenu parfaitement. Nous savions que tout avait comme base, la confiance et, le fait que nous étions tous volontaires. Je ne me souviens pas d'une occasion où nos officiers et sous officiers ont eu autre que satisfaction à notre conduite. Nous étions, dans notre idéal, très discipliné et notre conduite au camp et hors du camp exemplaire. Nous faisions honneur à nos chefs et, à la France. Beaucoup s'est passé à Kano et j'espère me rappeler de certaines.
Nos chars étaient là et pour moi, c'était parfait [Un char américain M3A1 surnommé "Honey" par les Américains, "Stuart" par les Anglais]. Le Lieutenant Michard avait gardé le poste pour son pilote et nous avons repris la même entente. Le Lieutenant m'a montré notre char Auvergne avec le grand sourire qu'il avait quand il était heureux. Le troisième membre de l'équipage était Ellongiv [Ellongiv était un faux nom, son "nom de guerre". En fait il était Pièrre Vignolle. A protéger leurs familles contre les services secrets (Vichy ou Nazi) quelques recrues ont utilisé un faux nom]
Il y a eu un problème dès les débuts car il y avait un problème avec les radiateurs des chars. Il a été décidé de donner responsabilité à Léon Baudon (qui était mécanicien) et moi. Nous parlions tous deux anglais. Baudon avait une mère anglaise et un père français, j'avais l'inverse. Nous avions été envoyés à Jos où il y avait quelques usines et sommes parti en Jeep avec notre feuille de déplacement. A Jos nous nous sommes mis en contact avec les autorités anglaise qui savait que nous venions. Nous avons été bien reçus.
Nous avions avec nous les radiateurs défectueux et, il a été impossible de les réparer. Il y avait prés de Jos un cimetière de vieux camions et camionnettes et nous avons pris des radiateurs que nous avons amené en usine, coupé à la grandeur voulue et aménagée. Le tout a dû nous prendre une quinzaine de jours et, Baudon était l'artisan.
Les Anglais nous avait casé avec leurs sous officiers et ils était très bien aménagés et très bien nourris. Il n'avait pas de vin et nous avons pas manqué l'occasion de leur faire remarquer que les FFL avait du vin à chaque repas. Le "mess" de sous officiers était très bien. Comme avec leur grade, ils étaient mieux payé que nous, il nous avait bien soigné ! Jos était une ville au climat très doux en comparaison de Kano. L'usine dans laquelle nous avons aménagé les radiateurs était nègre et Baudon a pu leur donner quelques conseils mécaniques. Nous sommes revenus à Kano avec des radiateurs en plus que le nombre nécessaire en cas de panne.
Retour à A Kano.
Notre nourriture à Kano était très bonne et le Lieutenant Langlois avait été chargé de veiller sur nous à ce sujet. Il venait fréquemment. Il était un homme très agréable et très simple. René Alençon faisait toujours de son mieux, ainsi que les deux ou trois camarades qui travaillaient avec lui. Nous avions une bonne variété de nourriture et du poulet ou gibier ou d'antilope surtout. Alençon se débrouillait bien. Nous avions aussi un bar avec du Whisky, liqueurs et, de la bière canadienne. Il fallait vivre selon nos moyens et, le soir Bernard Tronel et moi achetions une bouteille de bière à tour de rôle, que nous partagions.
Nous avions avec nous Minne qui était un champion de la réception radio et, de la radio. Nos soirées étaient surtout passées à écouter la BBC en français mais Minne nous avais d'autre poste.
De temps à autre Henri Caron m'invitait pour boire ce qu'il appelait une bistouille. Du café noir dans lequel il y avait du cognac. Il invitait les équipages de la section à tour de rôle. J'avais toujours la dysenterie et le Lieutenant Michard me disait de boire un peu d'alcool, ce que je faisais rarement. Inévitablement des camarades buvaient un peu trop de temps à autre mais c'était toujours fait parmi nous, dans notre camp. C'était dur pour les camarades qui n'avait jamais de nouvelles de leurs familles.
Une fois par semaine nous allions au cinéma indigène à Kano. C'était un cinéma en plein air et c'était très bon, même au clair de lune. C'était des films anglais ou américains et les indigènes étaient très bruyant car ils discutaient sur ce qui passait. Il y avait des Français, Anglais, Américains et des indigènes au cinéma. C'était une drôle d'ambiance que nous n'avions jamais connu jusqu'à présent. Nous partions du camp en camion en chantant et, tout le monde savait que nous étions de passage. J'ai toujours pensé qu'il y avait une certaine affection pour nous à cause de notre loyauté.
Nous avions tous les jours, la cérémonie au drapeau. Notre jour commençait toujours de bonne heure. Tous les matins il y avait de la culture physique et, souvent du football car, il y avait un terrain de football devant notre caserne. Nous tenions beaucoup au football car nous avions des matches avec des régiments anglais et le RAF.
Après ça c'était le petit déjeuner et, nous avions faim ! Ensuite il y avait sans faute de l'instruction pratique, théorétique sujet chars. Nous avions des cours de premier secours pour que nous sachions quoi faire en cas de blessure. Nous avions des sessions ou cours de toute sorte menés par notre capitaine ou nos officiers.
Une chose certaine est que tout nos jours était occupés car nous avions nos chars à entretenir, des balles de mitrailleuse à mettre en bande, des leçons de conduite, radio, tir, la lecture de cartes, le code morse, se parler d'une tourelle à une autre avec des signes fait avec des drapeaux (signaux à bras). Tout a été fait pour que nous soyons une compagnie parfaite et digne de la France. Ça a été une très belle expérience. Toute notre volonté a été mise dans la tâche et nous avons trouvé notre force et notre volonté dans tout cela pendant les années qui ont suivi. Notre capitaine a veillé à ce que nous soyons toujours traité en volontaire et, pour notre part nous avons été dignes de l'énorme confiance qui a été confiée en nous. Nous étions des jeunes hommes bien différents mais ce qui est très remarquable est que je ne me souviens pas de la moindre dispute ou malentendu. Vu maintenant c'est tout à fait extraordinaire car la réalité était que nous n'avions pas la moindre certitude de ce que l'avenir serait pour nous. Au moment d'écrire ceci je n'ai pas le moindre doute que le beau pays pour lequel nous avons tout donné, n'a jamais compris le FFL. J'espère que nos camarades qui sont resté en France ont été reconnus.
Pour moi, Henri Caron a continué à me faire mon entraînement de pilote de chars. Le Lieutenant Michard a eu la grande chance d'avoir comme adjoint cet homme superbe, si digne de tout ce qui est plus beau dans l'homme.
Nous partions souvent sur "Auvergne" dans des terrains impossibles rocailleux, avec des pentes énormes, avec le char au maximum de son équilibre. Il avait une confiance énorme en moi car vu de la tourelle le terrain devais paraître encore plus impossible. Quand je ne voyais pas la place pour mettre deux chenilles il disait «Vas-y, tu peux passer». Si j'étais un peu trop à gauche il appuyait sur mon épaule droite ou vice versa. Je peux écrire avec certitude que le char est passé partout et, ça a été pour moi une très grande expérience. Très rarement il y avait une pluie énorme qui inondait les environs en une vingtaine de minutes. Henri Caron nous emmenait (la section) à ce moment là pour que nous sachions conduire dans la pluie et une bouillabaisse qui demandait de nous toute notre expertise car les ruisseaux eux aussi devenaient des torrents. Tout cela a forgé une grande volonté en nous.
Question santé Kano a pausé ses problème. Je me promenais toujours la nuit avec ma dysenterie. J'étais très maigre et, mes jambes étaient parfois en caoutchouc mais je n'ai jamais cédé. Nous faisions des manœuvres de nuit sur des très grandes randonnées, et comme il a toujours fait jusqu'à son dernier jour le Lieutenant Michard venait voir tous ses équipages à tour de rôle pour voir si tout allait bien quand nous étions en arrêt. Si nous dormions une heure ou deux il venait nous voir. Si nous ne dormions pas pour une raison ou un autre il venait nous parler et nous aider si nous avions des moments difficiles. Il venait s'asseoir avec nous autour d'un feu si nous ne dormions pas. Tout a été très beau.
Un beau nombre d'entre nous avions des grosses plaques rouges entre nos cuisses et nous allions au docteur militaire anglais qui nous badigeonnait à la teinture d'iode. Ça a duré très longtemps.
Parfois un de nos tirailleurs était malade et ne parlant pas l'anglais je les emmenais chez le docteur. Certains étaient très malades et ça a dû être très difficile pour eux si loin de leur famille et, ne parlant pas de langue locale. Ils étaient toujours profondément reconnaissants pour l'aide que je leurs donnais pour expliquer leur maladie et c'était toujours un très beau moment quand ils revenait à la compagnie et, que je les voyais et qu'ils venaient vers moi avec leur grand sourire.
J'ai fait cette dernière tâche quelques jours avant que nous partions du Nigeria et, notre tirailleur est resté sur place et je n'ai pas pu aller le voir, comme j'avais fait pour ses camarades.
A un moment ma dysenterie c'est aggravée et j'ai passé une quinzaine de jours à l'hôpital de Kano. Comme j'avais la dysenterie je n'ai pas été mis dans la grande baraque avec les soldats et les hommes de la RAF malades, mais dans une très belle chambre de l'hôpital même. C'était très confortable. Un beau lit avec des draps blancs. De la nourriture servie dans de l'argenterie et, en particulier, vers quatre heures, le thé anglais ! Le "Free French Boy" était très bien soigné. Quand je suis revenu, ma condition c'était stabilisée et je ne passais pas du sang. Ça n'a pas duré mais c'était comme ça.
Le football a été très important pour la compagnie car il nous permettait de nous mesurer contre les Anglais qui tenaient beaucoup au football et, à nous aider à battre ce grand esprit de compagnie si important pour nous. Au début notre équipe manquait d'entraînement et, de pratique. Notre premier match, qui comme tous les matches a été sur le terrain de football au "Club Syrien", a été contre le RAF, la meilleure équipe au Nigeria et nous avons été battus 10 ou 11 à zéro. Comme je parlais anglais notre capitaine m'avait chargé d'être capitaine d'équipe. Ça a été un geste très digne de lui car le Lieutenant Davreux et lui étant dans l'équipe, vu leur qualité, un d'eux aurait pu être capitaine d'équipe. Mais toutes les décisions, militaires, personnelles, football avait pour but, tout ce qui était pour le mieux pour la compagnie.
Ayant été battu par le RAF si fortement nous avons décidé que ça n'allait pas continuer comme cela. Nous avions suffisamment de joueurs pour faire une bonne équipe. En vérité nous en avions trop et par exemple, c'était très difficile de décider entre Michel Le Saout et Rio comme gardien de but. Nous avions aussi dans la compagnie un homme plus âgé que nous (Il est photographié avec l'équipe) qui s'y connaissait à l'entraînement et nous menait à ce sujet. Je ne me rappelle pas de son nom (Debruyn ?).
Un jour et à mesure nous nous sommes perfectionnés et, dans le grand esprit qu'il avait, le Capitaine Ratard m'a chargé de choisir l'équipe, avec notre entraîneur. Les régiments anglais étaient beaucoup plus nombreux que nous et, avaient plus grand choix d'hommes pour leur équipe mais le fait est que dans notre superbe esprit de compagnie nous avons réussi à être une très bonne équipe. Ce n'était pas simplement une question de jouer au football. Nous représentions la France au Nigeria.
Les Anglais pour leur part tenaient à battre les Français et plus forte était l'équipe anglaise, le plus grand l'effort que nous mettions dans la partie. Nous avons dans toute notre volonté de vaincre, battu des régiments anglais qui avait de très bonnes équipes et la fin du match était toujours terminée par de grandes poignées de main et félicitations. L'arbitre était toujours le même major anglais.
Nous arrivions à battre la deuxième équipe de la RAF mais leur première équipe nous battait toujours par 3- 0, 3 - 1, ou même moins. Notre dernier match à Kano a été contre la première équipe de la RAF qui tenait le trophée et les coupes du Nigeria. C'était une très bonne équipe car il avait deux ou trois professionnels qui avaient été mobilisés.
Le match a été le haut moment de notre football pour la France au Nigeria et nous avons réussit 0 - 0. Nous étions très heureux et la RAF qui avait fait l'impossible pour nous battre nous a félicité. La partie finie le major anglais m'a dit que notre équipe avait fait des progrès énormes et était une très bonne équipe, de conduite exemplaire sur le terrain de football. Tout cela a été des grands moments pour notre compagnie et nos officiers qui venaient en nombre au Club Syrien pour nous encourager.
A un moment, hors de manœuvres, anglais, français, belges nous avons fait un match à Zaria contre l 'armée belge et là aussi nous avons réussit match nul. Zaria a été un de nos grands matchs car, il y avait là un beau stade de football et une énorme foule indigène qui avait beaucoup d'ambiance.
Les manœuvres au Nigeria avec les Anglais et Belges ont rassemblé un grand nombre de troupes et il y avait beaucoup d'entrain, car nous avions un but à atteindre. En général l'entraînement était dans le nord du Nigeria qui était très désertique et nous partions pour une huitaine de jours à la fois. Nos tirailleurs prenaient part et il y avait beaucoup de nègres du Congo Belge. Ils étaient très disciplinés eux aussi. Inévitablement tous nos mouvements par piste et toutes nos manœuvres étaient faits dans une grande poussière, car les chars en faisaient beaucoup. A la fin du jour nous étions couverts de poussière et, c'est dommage que nous n'avons pas pu prendre de photos de nos figures à ce moment là, car selon le terrain, nous portions différentes couleurs.
Pendant une de nos grandes manœuvres alors que j'avais conduit toute la journée et, il était minuit à une heure du matin, le Lieutenant Michard m'a dit que nous allions changer de place pour que je me repose de la conduite. Il faisait très noir et le Lieutenant qui comme moi, savais tout faire en char est parti tout à fait normalement. A un moment j'ai vu qu'il y avait un pont très étroit devant nous. Les ponts au Nigeria étaient un peu plus large que nos chars.
Le Lieutenant roulait un peu trop vite, car il aurait dû traverser au ralenti vu le manque de largeur. A une vingtaine mètres du pont j'ai vu qu'il était un peu trop à gauche. Le char est rentré dans la maçonnerie sur le côté gauche du pont et j'ai été projeté tête première sur l'avant de la tourelle.
Le char c'est arrêté très brusquement et le Lieutenant est descendu. Quand je suis descendu moi aussi, Henri Caron, qui était derrière nous, était là et blaguait au sujet de la conduite du Lieutenant. Arrivé à côté d'eux je me suis évanoui et j'avais la lèvre coupée. Quand je suis revenu j'étais allongé par terre et Henri Caron me mettait du whisky dans la bouche. Je me suis vite remis et nous avons tous ri. «Enfin tu en as bu du whisky Eve. C'est pas mauvais tu vois»! et ainsi de suite. Le char n'avait pas de dégâts et nous sommes repartis tout de suite, le Lieutenant Michard conduisant. Mes camarades ont blagué bien longtemps de cet incident et, des mois et des mois après me taquinaient toujours. Je buvais un peu de whisky de temps en temps après ça.
De temps en temps nous invitions des anglais chez nous mais comme il y avait pas mal de régiments anglais nous étions le plus souvent les invités. Je garde l'impression que comparé à nous les Anglais buvait beaucoup et quand nous allions chez eux, il y avait beaucoup de bière et d'alcool. Inévitablement, nous buvions selon notre capacité, un peu trop ou beaucoup trop, et les anglais aussi.
Les séances duraient plusieurs heures et certains dormaient avant la fin de la soirée. A ces moments là, les sous officiers et soldats anglais buvaient ensemble. Le sergent-major anglais cultivait toujours de très belle moustache. J'ai le vif souvenir qu'à plusieurs occasions, avec la participation de camarades anglais, des belles moustaches de sergent-major anglais ont été coupées soit d'un côté ou des deux côtés. Ils ne devaient pas être content le lendemain quand ils se réveillaient mais, c'était comme ça. Inévitablement c'était les Free French qui avaient fait ça ! Toute était pris dans une bonne ambiance malgré les dégâts fait par les ciseaux.
Après nos dernières grandes manœuvres loin dans le nord du Nigeria il y a eu une grande revue de toutes les troupes et c'était très impressionnant car les régiments étaient très nombreux. Avec le manque d'arbres on voyait tout le matériel. Camions, chars, chenillettes, motos et ainsi de suite. J'ai toujours eu l'impression que nous étions là pour attaquer Dakar. Heureusement nous n'en sommes pas venus là.
Nos chars avec moteur d'avion usaient beaucoup d'essence et vers la fin de notre séjour à Kano nous avions tous de chaque côte du char, juste à l'arrière de la tourelle, deux cadres en bois qui nous avait permis de transporter, en plus de notre plein d'essence, deux grands jus d'essence. Cela était évidemment pour faire un long trajet et avoir le restant de l'essence dans nos camions.
Il y a eu à Kano une autre revue de toutes les troupes où beaucoup de personnalités sont venues et il y avait le drapeau à la croix de Lorraine aux tribunes. A toutes ces occasions il y avait énormément d'indigènes qui venaient de tous les coins à pied et à cheval. C'était très beau à voir.
Le Ramadan était aussi une très belle occasion à voir avec l'Émir et leurs partisans et les Nigérians tous habillés en blanc. Ils y avais des foules énormes à la prière et nous avions l'occasion de voir tout cela.
La parade des Émirs à cheval avec toute la couleur et tout l'entourage était fantastique avec les tambours et les cris de toute sorte. L'Émir de Kano si je me souviens bien avait les dents limées en pointe et faisait très forte impression. L'Émir de Sokoto était un homme beaucoup plus gros et moins noir que l'Émir de Kano, qui était un noir bleu. Je garde un très beau souvenir de tout cela et de la musique qui était simplement des sons qui accompagnaient le tout. Les partisans de L'Émir étaient très brutal à repousser tout le monde quand il passait. Les chevaux, avec un harnachement superbe, dansaient plutôt que marchaient.
De temps à autre nous étions rassemblés en grand tenue dans notre quartier et notre capitaine nous parlait après nous avoir rassemblé autour de lui. L'ambiance de la compagnie a toujours été quelque chose de très spécial et, nous avons duré toute la guerre. La camaraderie et la confiance absolue l'un pour l'autre était très forte.
Notre séjour à Kano a été marqué par la mort de notre camarade Aymar de le Villeglé qui est mort très vite d'une bilieuse. Il a été enterré à Kano après une messe. La RAF et des représentants de tous les régiments anglais était là. J'ai l'impression que le RAF était la garde d'honneur et a joué le "Last Post". Je ne suis pas certain. Avant de partir de Kano je suis allé voir sa tombe et elle était très bien entretenue par les autorités britanniques, étant parmi d'autres tombes militaires.
Nos jours à Kano ont tiré à leur fin. Kano a été quelque chose de très spécial pour la compagnie, car nous étions un petit coin de France qui vivait sur lui-même, et qui trouvait de plus en plus de force en lui-même. Nous nous connaissions bien, nous connaissions tous nos forces et nos faiblesses. Vu si longtemps après, c'était parfait car nous étions prêts à prendre le chemin qui à ce moment là, n'avait pas de fin.
Gaston Eve.