Ma Famille.
Mon père Walter Edward Eve, était soldat de profession anglais de 1896 à 1919. Il a servi dans les "Royal Fusiliers" dès l'âge de quatorze ans et demi. Il est venu en France avec les premières troupes anglaises en 1914. Il a épousé ma mère Raymonde De Lattre, une française et, est revenu en France en 1919 pour travailler comme jardinier dans les cimetières militaires anglais dans le Nord de la France.
De ce fait je suis né en France le 14 janvier 1921. Mon père voulait que je sois anglais et donc j'ai été à l'école anglaise d'Arras, Ensuite quand j'avais dix ans, j'ai été envoyé en Angleterre chez un oncle et une tante pour compléter mon éducation anglaise. L'anglais a pris complètement le dessus de ma vie et je ne parlais pour ainsi dire que ça.
Mon père était certain qu'il y aurait une guerre avec l'Allemand et, il craignait les conséquences pour la famille, parce qu'ils étaient dans le Nord de la France. Donc mon père, mère, frère et sœur, sont venus habiter l'Angleterre en 1933. [Seule une sœur a survécu. Deux sœurs sont décédées en France, une tuée par une voiture, l'autre par une maladie. Un second frère sera né en Angleterre.] En 1939 je travaillais pour la ligne d'aviation anglaise et j'ai eu mon congé deux ou trois jours après la déclaration de guerre. Il y avait près de chez nous une usine de guerre et j'ai eu la chance de trouver un emploi presque tout de suite.
J'ai entendu l'appel du Général de Gaulle du 18 juin 1940 quand j'avais 19 ans. Quelques jours avant j'avais entendu que la France avait été vaincue et j'avais pleuré la nuit quand j'étais seul dans ma chambre. Tout le souvenir de mon enfance en France a pris le dessus et je ne pouvais pas accepter que la France soit vaincue. J'ai toujours porté un passeport anglais par fidélité à mon père et j'ai obéi à ses vœux à mon sujet. Malgré tout je n'ai jamais renoncé à la nationalité française.
J'ai dis à ma mère (française) que j'allais partir et répondre à l'appel de De Gaulle. Elle était d'accord. J'ai dis la même chose à mon père (anglais). Il a été très en colère avec moi. J'étais anglais. Je devais me battre dans l'armée anglaise et attendre mon appel. Si je partais dans les FFL je perdrais ma vie et je ne reviendrais pas. Je lui ai vaguement expliqué qu'il n'y avait pas de choix et je lui ai expliqué que si l'Angleterre avait été envahie, j'aurais fait la même chose pour elle. Nous ne nous sommes pas compris, sans nous disputer.
Je suis allé à Londres pour m'engager et servir la France quoiqu'elle ait semblé avoir perdu. De mon retour à l'usine j'ai donné ma démission mais celle ci a été refusée. «You can't leave a reserved occupation just like that! You will have to write to the ministry!» [ Vous ne pouvez pas laisser une occupation réservée comme ça! Vous devrez écrire au ministère]. Je tenais à répondre à l'appel de la France et j'ai fait une demande pour que je puisse partir, celle ci est passée par un ministère.
Six mois plus tard, en décembre 1940, on m'a dit que le directeur général de l'usine voulait me voir. M. Vann Damm m'a demandé si je voulais toujours partir et il m'a parlé des avantages de rester-là. Il m'a dit qu'à part quatre autres jeunes hommes j'étais le seul à vouloir partir sur les milliers d'employés. Je suis resté ferme à ma décision. Je me souviens toujours de la chaleur de sa poignée de main et de ses félicitations. Je suis allé à Londres remplir une nouvelle fiche d'engagement.
Mon père n'était pas content. Il y avait un lien très spécial entre nous. Nous nous aimions beaucoup l'un et l'autre et nous nous sommes retrouvés de tout cœur en août 1945. J'étais à son côté quand il est mort en 1962. Nous étions fières l'un de l'autre. Nous avons eu la grande misère de ne pas nous entendre à ce sujet.
Un beau matin j'ai pris le train de 04:55 de Hackbridge à Londres. J'avais dit à ma mère que je partais et ce matin là elle m'a fait mon petit-déjeuner. Mon père savait que je partais et il a attendu pour me voir sur le pallier de la porte pour descendre, me serrer la main et, me dire « Good luck. »
Je suis revenu en uniforme anglais avec "France" sur les épaules pour quelques jours avant de partir pour l'Afrique. Tout s'est remis à mon retour en 1945.
Mon Inscription à la France Libre.
Je suis arrivé à 4 Carlton Gardens de bon matin où je suis resté pendant trois jours pour toutes les formalités. J'ai présenté mon certificat de naissance français. Pour la première fois de ma vie j'ai bu du vin avec mon repas. Je me suis trouvé dépaysé car j'avais un fond très anglais et un accent anglais. Quoique je parle facilement il me manquait beaucoup de mots. Les facilités pour dormir et manger à Carlton Gardens était très limitées car il y avait là un mélange de marins, soldats et aviateurs qui attendaient à être affecté. Je n'avais pas de capacité militaire du tout et j'ai subi bien des blagues avec bon cœur.
J'ai été appelé dans un bureau où on m'a dit qu'il se formait une compagnie de chars à Camberley et j'ai répondu que j'aimerais servir dans les chars. Ça a été une des meilleures décisions de ma vie. Nous étions cinq ou six à partir par train de Londres à Camberley.
Je suis arrivé au début de février 1941 à Camberley [Old Dean Camp] et j'ai vu un camp entièrement formé de demi-lunes avec tout au milieu du camp un drapeau français et dessous un fanion à la Croix de Lorraine. Je suis allé au PC du Capitaine Georges Ratard de la 2ème Compagnie où j'ai été accueilli par Pierre Tomio qui était Caporal Chef. Il m'a expliqué que le grade équivalent dans l'armée anglaise était "Lance Corporal". Il a été très chic. Il m'a parlé d'une chose et d'autre et il s'est rendu compte que je n'avais pas encore le moindre fond militaire. Le camp était couvert de neige et de boue et après les formalités il m'a escorté dans une demi-lune où j'ai trouvé mes premiers camarades. Je me suis trouvé dormant et mangeant parmi des Français pour la première fois et je me suis progressivement habitué à ce grand changement.
Certains était français, d'autres était français de cœur comme moi, et ne parlaient ni français ni anglais ou, avec un très fort accent espagnol ou portugais. Évidement j'étais "l'Anglais" et je me suis vite aperçu que la compagnie était formée de très jeunes français venu de France, mais aussi beaucoup qui était venus de tous les coins du monde pour servir la France. Le Capitaine Ratard nous disait de temps en temps que la compagnie était formée de volontaires venu de 32 différents pays ( Je ne suis pas sûr du nombre exact). Ceux qui était venu de tous ces pays avaient soit un père ou une mère française.
Je me souviens de ce premier jour de Benjamin Abdul Youssef (Venu D'Argentine) et de Maurice Jean-Renaud (Venu du Chili). Jean-Renaud a été de ceux qui ont été dispersés à Brazzaville et il a été tué à Bir Hakeim. Je me suis vite mis à la vie militaire et au drapeau français avec, dessous un fanion à la Croix de Lorraine. J'ai été, comme toutes mes camarades, très occupé dès le début à un entraînement physique et militaire de toutes sortes.
La vie à Camberley était très active mais monotone. Il y avait très peu d'équipement. Nous avions un entraînement de fantassin car nous avions tout un fusil mais pas de chars. Toute l'expédition française sur la Norvège est revenue en Angleterre mais hélas tous pour ainsi dire ont décidé de rentrer en France. Ils nous sont resté des petits half-tracks.
Après un bon bout de temps mon camarade Raymond Thuayre qui voyait en moi un Anglais a cessé de m'appeler "English". Raymond n'aimait pas les Anglais et je ne me trouvais jamais dans son chemin quand il avait bu un peu trop. Nous avons fini par être très bons camarades. Il était un jeune garçon très chic et très fidèle. La France aurait été plus riche s'il n'avait pas été en Indochine se faire tuer.
Nous avions quelques camionnettes françaises sur lesquelles l'Adjudant Joseph Raveleau nous apprenait à conduire. Il était un homme très militaire et très agréable mais il y a eu des problèmes. Mon vocabulaire français était très limité. Je ne savais pas ce que voulais dire "embrayer" ou "débrayer". De ce fait quand il disait «Débrayez» je faisais l'opposé ou rien du tout. Finalement il m'a fait arrêter sur le côté de la route pour m'expliquer. Auparavant, pensant que je ne l'écoutais pas, il m'avait disputé avec sa voix très forte et très claire. J'avais eu ma première expérience de me faire disputer en français. Il est vite devenu évident qu'un certain nombre de nous avait besoin de leçons françaises et pendant plusieurs mois l'Adjudant André Corler a été notre instituteur tous les soirs.
J'ai trouvé un très bon esprit de camaraderie dès les premiers jours et il y avait une ambiance qui m'a plu beaucoup. Je n'avais pas la moindre idée de ce que le futur avait pour moi. J'ai très vite pris une tenue et un esprit militaire. J'ai trouvé dès les premiers jours une fidélité pour le Capitaine Ratard qui était toujours parmi nous. J'ai été très heureux de la belle ambiance que j'ai trouvé et ne me suis pas senti dépaysé du tout.
Quand j'ai su conduire une camionnette je suis passé à la conduite de chenillette avec L'Adjudant Henri Caron comme instructeur. J'ai eu le grand honneur de rencontrer le Sergent Chef Caron qui devait par tous ses efforts, faire de moi un des vrais Français Libres, un très bon pilote de char et un homme très équilibré avec une confiance absolue. Il m'a donné mes premières leçons en conduite de chenillette et était très content de mon progrès car jusqu'à présent je n'avais fait que du vélo! Il était un homme très décisif. Quand il m'a dit «Tu seras un très bon pilote» ça a été un de mes grands jours. Quelle chance d'avoir été entraîné par un homme si digne et si noble.
Les cours d'élève aspirant était en cours et de bon matin j'allumais le feu dans la demi-lune où ils prenaient leurs cours. Je n'avais pas toujours du succès et un beau matin un des aspirants m'a donné un conseil et un coup de main. Après cette première rencontre de temps à autre j'ai rencontré cet aspirant parmi le groupe dès Camberley. Nous ne nous étions pas parlé mais je l'ai trouvé très sympathique.
Vers la fin février 1941 Henri Caron m'a dit que j'allais être le pilote du Lieutenant Louis Michard qui, je me suis rendu compte quand je l'ai rencontré, était l'aspirant qui m'a aidé à allumer le feu ! J'avais espéré que je serais avec lui et, ma vie était parfaite surtout quand j'ai su que Henri Caron était son adjoint. Les deux hommes avaient une entente parfaite et un fond avec lequel j'étais en parfaite harmonie. Ca a été une très bonne nouvelle. Les années que nous avons passé ensemble ont été parfaites. Nous avons eu les même idéaux militaire et moral, une confiance l'un à l'autre et une entente parfaite.
L'entraînement était très bien organisé et le plus beau côté de tout cela était la confiance énorme et l'estime dans lequel nous étions tenu par nos officiers et sous officiers. On ne m'a jamais laissé oublier que j'étais un volontaire comme tous les membres de la compagnie. J'ai été par cet esprit à servir dans une loyauté absolue sans jamais un jour de regret. Un très beau souvenir. Donc ça a été beau ou mauvais temps, culture physique, tire, conduite, marche, théorie motrice, français et ainsi de suite. Inévitablement il fallait éplucher des pommes de terres de temps à autre.
L'Angleterre se sentait très seule face à l'Allemand et la loyauté dès FFL lui était précieuse. Hors quelques défilés à Londres, particulièrement le 14 juillet, des foules énormes ont longé notre chemin.
La main-d'œuvre manquait beaucoup et de temps à autre, à tour de rôle avec des régiments anglais, toute la compagnie était de service pour décharger les trains de charbon. Nous partions tous en camions dans un chantier, et il y avait une bonne ambiance. Nous travaillons très dur, et nous allions décharger le train de charbon plus vite que les Anglais et les Canadiens ou Polonais ! La tâche était accomplie de bon cœur et, à la fin de la journée nous étions noirs !
Nous avons aussi formé une équipe de football à Camberley mais je n'ai pas de souvenir de ces matches. De temps à autre nous allions voir des films français dans une demi-lune qui servait de cinéma et qui était pleine à craquer. Nous arrivions tous bien que mal à voir l'écran à travers la fumée de cigarettes ! Il y avait aussi une NAAFI où les militaires trouvaient des bonnes choses à manger, servis par des volontaires. Il y avait beaucoup d'ambiance dans le pays et beaucoup de volontaires.
Nous allions faire des longues marches de temps à autre, et nous nous tenions très bien le long des rue. Nous chantions des marches françaises qui nous donnaient beaucoup d'entrain. J'espère qu'il n'y avait personne le long des rues qui comprenait les paroles, car elle avait été adaptée et n'était pas très belle !
Il y avait quand même à Camberley un régiment de Chasseurs Alpins parmi lesquels il y avait beaucoup de jeunes bretons. Ils avaient une fanfare et de temps à autre il y avait un défilé. Les Anglais ont vite compris qu'il était nécessaire à mettre les Chasseurs Alpins en tête de défilé vu leur cadence prodigieuse.
Une des choses très amusantes que les Chasseurs ont fait a été pendant un défilé aux alentours de Camberley. Il y avait toujours des femmes qui servaient du thé. Les Chasseurs qui je crois faisaient dans les 180 pas à la minute sont partis en tête. Il y avait toujours une bonne distance entre les Chasseurs et le régiment anglais suivant. Les Chasseurs était hors de vue et ont eu le temps de prendre le thé longtemps avant que les troupes anglaises arrivent ! Je ne sais pas si les Chasseurs leur ont laissé quelques gâteaux.
Vers le mois de juin 1941 ça a été la visite médicale pour tous, car nous devions partir de l'Angleterre. Nous avons eu des piqûres et sommes tous passé au dentiste. Arrachage et plombage de dents ont été fait en un coup. Pour les plombages la roulette était maintenue à la même place jusqu'à ce que la cavité soit assez profonde. Les dents plombées était très chaude à la fin de l'opération.
Nous portions l'uniforme anglais et, au début un mélange de bérets français et anglais. Nous manquions d'insignes de chars français, et nous étions obligés d'improviser. De ce fait nous allions aux magasins militaires pour acheter des insignes chars anglais et les adapter. Nous avions sur le bras l'insigne en toile du Royal Tank Régiment et aussi l'insigne de béret que nous avions adapté ! L'insigne béret était d'un char de 1916 entouré d'une couronne de Laurier et toute en haut la couronne et sous le char, les mots "Fear Naught". Pour ne pas être comme les Anglais, ceux d'entre nous qui n'avaient pas l'insigne français avaient retiré la couronne. Les officiers de chars anglais que nous avons rencontré et salué ne nous ont jamais rien dit à ce sujet, sans doute du fait que nous avions "France" à chaque épaule.
Un beau jour en août 1941, nous sommes partis en grande tenue dans un train passager vers Liverpool où nous avons embarqué sur un grand bateau. Il y avait une atmosphère très particulière en Grande-Bretagne. Tous les noms de villes et villages avait été retirés ainsi que toutes les indications routières. Il ne fallait pas parler de mouvements de troupes ou quoique ce soit au point de vue militaire, et je pense que l'attitude de la population était basée sur ce principe. Des soldats partout c'était tout à fait normal !
Vers L'Afrique.
Le "Northumberland Castle" devait faire dans les 18 à 20 mille tonnes, un bateau de marchandises [de la viande]. Inévitablement j'avais beaucoup de confiance dans l'organisation anglaise et le trajet et notre embarquement c'est passé parfaitement. Il n'y pas eu la moindre démonstration populaire soit à notre passage ou à notre embarquement.
Nous étions avec environ 3000 anglais sur le bateau. Tout était superbement organisé sur le Northumberland par les officiers anglais. La compagnie est allée directement à un endroit prévu sur le bateau, spécialement aménagé comme transport de troupes. Nous étions dans une partie du bateau qui nous servait de salon, salle à manger, dortoir. Tout était fait à la même place. Nous avions notre hamac que nous accrochions l'un à côte de l'autre au-dessus des tables, suspendu à les crochets de boucherie qui a été laissé à sa place au plafond. Nous pouvions retirer nos chaussures pour dormir mais autrement, il fallait rester habillé.
Nos chaussures une fois retirée, devais être attaché l'une à l'autre par les lacets et placer sur notre poitrine avec les lacets derrière notre cou et il ne fallait pas mettre nos chaussures par terre. La théorie était qu'en cas d'alerte il n'y aurait pas de confusions. Nous serions habillé et nous aurions nos chaussures pour monter directement sur le pont quand les klaxons d'alerte marcheraient.
Le départ de Liverpool c'est bien passé. Il n'y avait personne sur les quais considérables qui nous menaient à la mer. Personne pour dire au revoir ou à qui dire au revoir. J'ai toujours trouvé ça extraordinaire. Dès le départ, toutes les troupes sur le bateau se sont exercées pour les alertes prévues une fois en mer. Ca a été répété et répété et chronométré. Nous devions passer ici, là, et pas autre part. Il fallait monter cet escalier ci. Il ne fallait porter rien à part l'uniforme dans lequel nous étions. Il fallait que nous nous mettions en rang à côte du bateau de sauvetage qui était le nôtre. Tout était fait de bon cœur de jour. La nuit c'était la même chose jusqu'à ce que le commandant militaire du bateau soit satisfait que tout allait se passer de la façon prévue et demandée.
Nous sommes partis par un très beau jour et la mer était bonne. L'organisation du convoi était superbe et petit à petit il s'est rassemblé environ 80 navires marchands et transports de troupes en formation parfaite, en ligne et colonne c'était beau à voir. Au lointain on voyait les bateaux de guerre qui allait nous protéger. De temps à autre il passait entre les lignes de bateaux marchands ou de troupes des torpilleurs qui marchaient à toute vitesse. Au début c'était l'entraînement et ensuite ça a été pour de vrai quand il y avait une attaque sous-marine d'un côté ou l'autre. Les premiers jours nous avons eu aussi la protection de la RAF et les avions de "Coastal Command." C'était très impressionnant. Il y avait plusieurs superbe NAAFI sur le Northumberland et elles était très bien approvisionnées. Gâteaux, chocolats, bonbons, cigarettes et beaucoup d'autres choses. Je crois que nous étions payé à la semaine sur le bateau. L'organisation question repas était très bonne et chaque table recevait des repas bien chauds et servis par table. Je garde un vif et bon souvenir de la camaraderie parmi toutes les troupes sur le Northumberland et l'organisation de tous les services.
Quand nous étions loin en mer nous n'avons pu vu d'avions du Coastal Command le convoi a gardé sa tenue impeccable. De temps à autre le klaxon partait pour de vrai et nous pouvions voir les bateaux de guerre filer à travers le convoi vers un endroit où il y avait des mines qui faisait explosion. Toutes les alertes que j'ai vu, et toute l'activité a été à l'extérieur du convoi. Le voyage a été très long mais je n'ai pas vu de bateaux marchands ou voyageur touché, malgré toutes les alertes.
Nous passions notre temps à la culture physique et autre activités. De temps à autre il y avait un concert ou un spectacle entièrement formée par les troupes. Les FFL avait à prendre part et c'était amusant. Il y avait beaucoup de chansons anglaises et mes camarades en ont appris beaucoup. Certaines sont restée gravée dans leur mémoire.
Il y a eu des cérémonies très drôles quand nous avions passé l'équateur et je ne sais pas si c'est quelque chose de particulièrement anglais. Enfin il fallait prendre part et nous ne nous sommes pas dégonflés.
Après bien longtemps nous avons enfin vu la côte africaine et c'était la Sierra Leone avec une côte très verte. C'était très bien à voir et nous sommes restés à une bonne distance en mer pendant un jour ou deux car le convoi c'est séparé pour aller dans une différente direction. A partir de ce moment là je vois simplement le Northumberland et un grand bateau de guerre pour nous protéger.
Nous n'avions aucune idée où nous allions débarquer. Rien ne nous avait été dit en Angleterre ou en route mais quelque temps (des heures) avant d'arriver à Pointe Noire, nous avons su que c'était là que nous allions débarquer. Les Anglais nous ont regardé débarquer et nous avons dit beaucoup d'aurevoirs car en trois semaines nous avions forgé une bonne entente et, nous avions tous le même but.
Gaston Eve.